Rome et son empire territorial immense : un brassage culturel et religieux méditerranéen (cours)
L'Empire romain à son extension maximale vers 117 apr. J.-C.

Introduction

La domination de la civilisation romaine a laissé des traces archéologiques significatives et de nombreux témoignages littéraires, qui continuent de façonner l’image de la civilisation occidentale jusqu’à ce jour. Au cours de ces siècles, la civilisation romaine a évolué d’une royauté à une république oligarchique, pour finalement devenir un empire autocratique. Elle a établi sa domination sur une grande partie du bassin méditerranéen, comprenant des territoires d’Afrique du Nord, d’Europe et du Moyen-Orient. 

Ce cours se penchera sur les facteurs qui ont contribué à l’expansion territoriale de Rome et comment cette expansion a conduit à un brassage des différents héritages culturels et religieux méditerranéens.

I.               Les facteurs de l’expansion territoriale de Rome

1.1     Les guerres puniques et le triomphe de Rome

Rome était une société militairement avancée qui disposait de soldats bien entraînés et d’une organisation militaire efficace. Elle a utilisé cette force pour conquérir de nouveaux territoires. Les soldats étaient également déployés pour protéger les frontières et réprimer les révoltes.

Les Romains, au IVe siècle avant Jésus-Christ, ont cherché à se protéger contre les assauts du peuple montagnard des Samnites vivant au sud de Rome. Après leur victoire finale, la République a fondé des colonies, des cités romaines peuplées de soldats, et a annexé le territoire samnite.

Rome et Carthage ont été les deux grandes puissances de la Méditerranée occidentale pendant les IIIe et IIe siècles avant Jésus-Christ. La rivalité entre ces deux cités a conduit à une série de guerres, connues sous le nom de guerres puniques.

Les forces en présence avant la première guerre punique

La première guerre punique, qui a duré de 264 à 241 avant Jésus-Christ, a été principalement une guerre navale. Les Romains ont finalement remporté la victoire grâce à la construction de leur propre flotte et à leur tactique de saisie des navires ennemis en utilisant des crochets.

Les opérations militaires de la deuxième Guerre punique

La deuxième guerre punique fait partie des trois conflits appelés guerres puniques qui ont opposé Rome à Carthage. Elle s’est déroulée au IIIe siècle av. J.-C., de 218 à 203 en Europe et de 203 à 202 en Afrique. Les Carthaginois ont déclenché cette guerre pour prendre leur revanche après leur défaite lors de la première guerre punique. Elle est connue pour les moyens utilisés pour l’époque, son coût humain et économique, et son impact historique, politique et social sur le monde méditerranéen pendant plusieurs siècles.

Contrairement à la première guerre punique, qui s’est déroulée principalement sur mer et a été remportée par Rome, la deuxième guerre est caractérisée par une succession ininterrompue de batailles terrestres impliquant d’énormes mouvements de troupes, notamment d’infanterie, de cavalerie et d’éléphants de guerre. Les moyens maritimes sont presque exclusivement utilisés pour aider les armées dans leurs déplacements, ou pour les voyages des diplomates entre les royaumes méditerranéens.

Hannibal jurant haine aux Romains, tableau de Claudio Francesco Beaumont (huile sur toile du XVIIIe siècle 330 × 630 cm)

Dans cette guerre, plusieurs personnalités ont marqué l’histoire. Du côté carthaginois, le général Hannibal Barca est célèbre pour avoir franchi les Pyrénées, le Rhône et les Alpes avec ses éléphants, et pour avoir remporté plusieurs victoires sur les légions romaines.

La guerre a conduit à la destruction de Carthage et a consolidé la position de Rome en tant que puissance dominante de la Méditerranée occidentale.

1.2.     Rome et les provinces

À mesure que l’Empire romain s’étendait par des conquêtes, il était subdivisé en provinces, chacune étant gérée par un gouverneur restant sous l’autorité de l’empereur. L’armée, qui comptait environ 300 000 soldats sous Auguste, était particulièrement active dans les provinces frontalières, où les légions protégeaient les fortifications frontalières (les limes) contre les attaques étrangères et menaient parfois des raids et des conquêtes.

Cette organisation civile et militaire efficace a favorisé le développement d’échanges tant internes qu’externes à l’Empire. Cette période a été marquée par une longue période de prospérité et de stabilité dans les provinces, connue sous le nom de Pax Romana ou « paix romaine » (Ier – début du IIe siècle).

Cette Pax Romana est caractérisée par la pacification des régions qui avaient souffert des querelles entre chefs rivaux, grâce à l’administration et au système légal romain. Pendant ce temps, Rome continuait de livrer bataille contre les peuples et les tribus en périphérie, notamment les peuples germaniques et parthes dans le Nord-Est de l’Iran actuel. Durant cette période, Rome ne connut ni guerre civile majeure ni grande invasion, d’où l’idée d’une « paix romaine ».

1.3.     La cité

La cité, centrée sur une ville, est le principal lieu de vie des habitants de l’Empire romain.

Rome, qui compte probablement un million d’habitants au Ier siècle, est considérée comme un modèle, mais d’autres villes comme Alexandrie, Antioche ou Carthage rivalisent avec elle.

Dans l’ensemble de l’Empire, la romanisation commence par toucher les élites provinciales avant de se diffuser à l’ensemble de la population. Certains empereurs, comme Claude (premier empereur né en dehors de l’Italie) en Gaule, accordent la citoyenneté ou des positions de pouvoir à Rome (magistratures, Sénat…) aux provinciaux, avant que Caracalla n’étende la citoyenneté à tous les hommes libres en 212 siècle (il s’agit de « l’édit de Caracalla » également appelé « Constitution antonine »).

II.               Les conséquences de l’expansion territoriale de Rome

2.1.     Le brassage des différents héritages culturels et religieux méditerranéens

Le latin a progressivement acquis une dimension internationale. En revanche, le grec est resté la langue utilisée dans la moitié orientale de l’Empire romain.

Des inscriptions bilingues écrites en latin et en punique, le dialecte de l’Afrique occidentale romaine, ont été découvertes par les archéologues.

La civilisation romaine se caractérise par une certaine tolérance et une ouverture d’esprit envers la diversité religieuse. D’un point de vue culturel, l’Empire romain est un mélange de cultures romaine et grecque, souvent désigné comme l’Empire gréco-romain. Rome adopte une politique de tolérance envers les autres religions, à condition qu’elles ne perturbent pas l’ordre public. Cela crée une mosaïque religieuse au sein de l’Empire, où les différentes religions circulent et peuvent parfois se mélanger.

Cette tolérance religieuse a contribué à la stabilité et à la cohésion de l’Empire romain en permettant aux populations de différentes régions et cultures de coexister pacifiquement. Les divinités étrangères ont été nommées en latin et des cultes orientaux ont été adoptés par les Romains.

Toutefois, le judaïsme et le christianisme se distinguent des autres religions présentes dans l’Empire romain par leur caractère monothéiste. Les Romains se montrent plus méfiants à leur égard. Les chrétiens ont été victimes de persécutions durant les premiers siècles de notre ère.

En 313, l’empereur Constantin a émis un édit de tolérance (« l’édit de Milan ») qui a permis de légaliser la religion chrétienne dans l’Empire romain.

Le christianisme a été déclaré religion d’État de l’Empire romain en 392 par le décret de Théodose Ier

2.2     La romanisation

La romanisation est le processus par lequel les populations conquises adoptent la culture romaine. Les Romains ont diffusé leur langue, leur religion, leur droit et leur organisation politique dans les territoires conquis. Cette romanisation a permis d’unifier l’empire, mais a également entraîné la perte de certaines cultures locales.

La romanisation avait également pour objectif de renforcer la cohésion et l’unité de l’Empire romain, en créant une identité commune et en encourageant l’adhésion à la culture romaine. Cette politique de romanisation a eu un impact durable sur la civilisation occidentale, en influençant la langue, la religion, l’art, l’architecture et la politique de nombreux pays européens encore aujourd’hui.

2.3.     Le développement d’un empire multilingue et multiethnique

L’expansion de l’empire a conduit à la création d’un empire multilingue et multiethnique. Les différentes langues et cultures ont été maintenues, ce qui a créé une grande diversité culturelle.

Conclusion

L’expansion territoriale de Rome a été un processus complexe qui a conduit à la création d’un empire immense et diversifié.

Cette expansion a conduit à un mélange de cultures et de religions dans l’empire, ainsi qu’à la romanisation des populations conquises.