Qu’est-ce que la socialisation ?

Mots clés

Socialisation primaire : processus se déroulant de la naissance jusqu’à l’adolescence où l’individu construit son identité sociale, apprend à vivre en société et en intériorise les valeurs et les normes

Socialisation secondaire : socialisation à l’âge adulte 

Groupe social : individus présentant des caractéristiques communes (mode de vie, des valeurs…) et qui se sentent membres de ce groupe.

Valeur : idéaux auxquels les membres d’un groupe social adhèrent 

Normes sociales : règles formelles (écrites) ou informelles qui définissent des actions acceptables et appropriées à l’intérieur d’un groupe social ou d’une communauté ce qui oriente le comportement humain.

Statut social : position (place) occupée par un individu dans la vie sociale à un moment donné (famille, entreprise, amis…).

Rôle social : l’ensemble des attitudes et comportements attendus par la société selon son statut social (profession, milieu familial, etc.)

Socialisation par l’inculcation : transmission délibérée et méthodique de valeurs et de normes sociales par exemple de la politesse ou de l’hygiène.

Socialisation par l’imprégnation : transmission de valeurs et de normes par la familiarisation et la répétition

Fiche

Pour vivre en société, les individus ont besoin de comprendre et s’adapter à leur environnement social.

Un individu occupe différents statuts sociaux en fonction de sa place occupée dans la vie sociale (en tant qu’ami, de frère ou de sœur, etc.). Selon ce statut, la société assigne un rôle social qui correspond à l’ensemble des attitudes et comportements attendus (par exemple pour le statut de parent, avoir pour rôle d’élever et éduquer son enfant et le préparer à sa vie adulte).

La socialisation consiste, pour un individu, à intégrer (assimiler) les valeurs et les normes de son groupe social. Ce processus se déroule tout au long de la vie.

Les valeurs sont les principes et les idéaux communs à un groupe ou une société .

Les normes sont les règles de conduite et de comportement (habituellement) suivies par les membres d’un groupe social ou d’une société.

La socialisation est un processus qui se déroule tout au long de la vie. Elle s’effectue par trois grands mécanismes :

  • Socialisation par l’inculcation: transmission délibérée et méthodique de valeurs et de normes sociales par exemple de la politesse ou de l’hygiène ;
  • l’imprégnation: transmission de valeurs et de normes par la familiarisation et la répétition ;
  • l’interaction: socialisation au contact des autres

Par le passé, cette socialisation était avant tout verticale et descendante (ainés vers les plus jeunes), mais de nouvelles formes émergent :

  • la socialisation inversée: jeunes qui transmettent aux adultes des valeurs et des normes ;
  • la socialisation horizontale : socialisation qui ne tient plus compte des générations mais se déroule au sein de la même génération (par exemple entres des jeunes).

Cours


Objectif :

  • Savoir que la socialisation est un processus

 

I. Socialisation et le rôle fondamental de l’environnement sur le comportement d’un individu

1. La socialisation et instances (agents) de socialisation

La socialisation est un processus d’intériorisation, par l’individu, des valeurs et normes propres à son groupe social. Ce processus se déroule toute la vie.

Au cours de la vie d’un individu, il est confronté à des situations différentes qui l’amène à être socialisés de différentes manières à travers des instances de socialisation différentes.

En fonction de l’âge, différentes instances assureront la socialisation : la famille, les groupes de pairs (amis), l’école, les médias (télévision, Internet, radios…), les Églises (religions), les organisations professionnelles (entreprises, syndicats …).

Les sociologues établissent une distinction (des différences) entre la socialisation primaire des enfants de la socialisation secondaire des adultes.

Il est question de socialisation primaire de la naissance jusqu’à l’adolescence, les principaux acteurs de la socialisation d’un enfant sont les adultes qui l’entourent et le supervisent (parents et enseignants notamment), ainsi que ses pairs (amis de l’école, amis du sport, etc.).

Elle est ensuite nommée socialisation secondaire à l’âge adulte, à ce stade les principaux acteurs socialisateurs sont généralement les collègues et amis de l’individu, en particulier lors de l’accès à un nouveau statut (étudiant à salarié, devenir parent, etc.).

Pour Muriel Darmon, dans son livre La socialisation, la socialisation peut être définie comme : « l’ensemble des processus par lesquels l’individu est construit, on dira aussi formé, modelé, façonné, fabriqué, conditionné, par la société globale et locale dans laquelle il vit, processus au cours desquels l’individu acquiert, apprend, intériorise, incorpore, intègre, des façons de faire, de penser et d’être qui sont situés socialement ».

Si l’individu « apprend, intériorise, incorpore, intègre, des façons de faire, penser et d’être », c’est bien parce qu’il est, d’une certaine façon, impliqué dans une démarche de socialisation.

Ainsi l’individu participe à sa socialisation, mais il est aussi socialisé par les autres. Par exemple, un enfant qui pratique le football apprend volontairement à s’intégrer dans une équipe (respecter le groupe, ne pas être individualiste c’est-à-dire prêt à faire la passe) et, parallèlement, il est initié par les autres joueurs dans un esprit d’équipe.

Un individu est lui-même acteur de sa socialisation tout en étant aussi socialisé par les autres

2. L’apprentissage social : l’apprentissage par observation

Les êtres humains sont des êtres sociaux. Tous les apprentissages sont « sociaux » qu’ils se fassent par le contact direct de l’autre ou par l’intermédiaire d’un média imprimé ou numérique. Une grande partie du comportement humain est basé sur l’observation qui amène un individu à imiter les comportements, attitudes et émotions des autres.

L’apprentissage social souligne l’interaction constante entre les comportements d’un sujet et les variables de son environnement ce que signifie que les comportements d’un sujet sont influencés par les autres éléments de son environnement. Cela peut se faire de manière consciente ou inconsciente. Par exemple si vous êtes constamment entouré de personnes négatives, vous serez plus susceptible de devenir négatif vous-même.

En effet, la manière de penser d’un individu ne relève pas d’un choix personnel ou d’un don naturel, la plupart de ses choix sont le fruit d’un apprentissage social c’est-à-dire reproduire un comportement que l’on a observé.

Pierre Bourdieu (1930 – 2002) a insisté sur le fait que la condition sociale d’un individu et ses expériences passées l’amène à acquérir une certaine manière d’agir et d’être (sa vision du monde, attitudes, postures, ses goûts, son style de vie…).

Par exemple, les statistiques montrent qu’en fonction de sa classe sociale (de son capital économique et culturel), la fréquentation des musées, de l’opéra, des théâtres n’est pas la même.

Quant au sociologue Baptiste Coulmont, il montre que le choix du prénom de son enfant dépend en grande partie d’une socialisation. Ainsi, le développement de séries télévisées américaines a entraîné la multiplication de prénoms américains. Une autre illustration possible est le cas d’une chanson ayant pour titre un prénom, à la suite d’un succès musical on rencontre une hausse de ce prénom chez les nouveau-nés.

II. Les valeurs et les normes

1. Les valeurs

Une valeur un idéal abstrait (ex. : la bienveillance, le respect) propre au groupe social auquel appartient l’individu.  

Les valeurs peuvent aussi être définies comme de grands principes moraux qui servent de repères aux individus dans la conduite de leur vie sociale. Leurs principales fonctions sont d’orienter les choix d’un individu et de lui permettre de s’adapter au contexte social.

Elles donnent aux individus les moyens de juger leurs actions et de se construire une éthique personnelle.

Les valeurs sont abstraites, rien n’est spécifié quant à leur application concrète. Il en résulte que les valeurs sont associées à des normes.

2.  Les normes sociales

Dès la petite enfance, un être humain intègre et accepte des normes sociales maintenues en place par des sanctions sociales (punitions) en raison du non-respect de la norme et des avantages sociaux (récompenses comme un sourire ou des félicitations) pour avoir correctement adhérer à ces normes.

Les normes appliquent concrètement des valeurs. Celles-ci peuvent être formelles (écrites et officielles telles que les lois et les règlements) ou informelles.

  • Plusieurs normes peuvent s’appliquer à une même valeur.

À titre d’illustration, la valeur de respect peut s’appliquer grâce à des normes formelles (ex. : loi interdisant la consommation de tabac dans un lieu public 🚭) et à des normes informelles (ex. : dire bonjour, tenir la porte).

  • Une norme peut aussi porter sur plusieurs valeurs.

Par exemple, l’interdiction de la tricherie est une norme qui peut être associée à la valeur de l’honnêteté ainsi qu’à la valeur du civisme.

Serrer la main de ses rivaux sportifs, ici pour un match de tennis, est un exemple de norme social
(Image © Maxdecours.com)

III. Statuts et rôles sociaux

1.     Un statut social

Pour l’individu, un statut social est une place au sein de l’organisation sociale. Il y a différents types de statut, comme celui d’ami, de bon étudiant et de citoyen.

L’ensemble des statuts d’une personne fait partie de son identité sociale. Cette identité donne lieu aux rôles sociaux que l’individu doit assumer.

Ces statuts peuvent varier au fil de la journée. Par exemple pour une femme : mère, épouse, entrepreneuse.

2.     Le rôle social

Le rôle social est le comportement socialement acceptable à adopter la société. Elle est liée au statut social.

Par exemple, le statut social d’un ami suppose de jouer un rôle social particulier, tel que l’entraide ou une attitude honnête.

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Le rôle social d'une personne représente l'ensemble des comportements attendus par la société selon son statut social (profession, milieu familial, etc.)

C’est à travers la socialisation que l’on acquiert les normes et les valeurs nécessaires pour remplir des rôles sociaux et justifier ainsi son statut social.

Ci-dessous une publicité pour une cuisinière. Dans les années 1950 - 1960, le rôle social d’une épouse consistait en une forte implication dans les tâches ménagères et domestiques

Les rôles sociaux ne sont pas des modèles figés. Ils évoluent dans le temps et individuellement : chacun adapte ces rôles à sa personnalité. 

Les femmes ont commencé à entrer sur le marché du travail en plus grand nombre pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Les années 50 et 60 ont vu un retour à la norme de la femme au foyer, particulièrement dans les classes moyennes.

Les médias et la publicité dans les années 1950 idéalisaient souvent le rôle de la femme en tant que ménagère et mère dévouée. Les magazines, les films et les émissions de télévision représentaient fréquemment la femme au foyer comme un idéal à atteindre.

Vers la fin des années 1960 (cela peut varier en fonction des pays), le mouvement des droits des femmes a commencé à remettre en question ces rôles traditionnels. Les femmes ont revendiqué plus d’égalité et de droits, y compris l’accès élargi à l’éducation (ex. : baccalauréat, études supérieures) et au marché du travail.

L’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes est inscrit dans la loi en France en 1972, « à travail égal, salaire égal ».

Il peut parfois exister des conflits de rôles à résoudre par exemple pour un père et une mère de mener de front sa vie professionnelle et familiale en même temps.

IV. Quels sont les modes de socialisation ?

1.     La socialisation par inculcation

Pour le holisme, le comportement d’une personne dépend du contexte social dans lequel elle évolue et non pas de ses choix personnels et libres.

La socialisation par inculcation est une transmission délibérée et méthodique de valeurs et de normes sociales par exemple de la politesse ou de l’hygiène.

Pour le sociologue Émile Durkheim (1858-1917), fondateur de l’holisme méthodologique, cette “socialisation méthodique de la jeune génération“ par les générations précédentes passe par l’éducation et permet de faire adhérer à des valeurs et des normes qui sont à la base de la société.

Elle a lieu principalement durant l’enfance et l’adolescence, et requiert une série de sanctions et de récompenses explicites.

2. La socialisation par imprégnation  

La socialisation par imprégnation consiste en une transmission de valeurs et de normes par la familiarisation et la répétition. Elle est plus inconsciente que la socialisation par l’inculcation. Un enfant va avoir tendance à s’approprier involontairement les gestes, valeurs, et postures de son entourage.

Par exemple, les enfants qui visitent régulièrement les musées en compagnie de leurs parents développent un sentiment de familiarité et de proximité envers l’art et les collections d’objets d’intérêt historique, technique, scientifique et artistique. De sorte que par habitude, à l’âge adulte, ils se rendront aux musées par eux-mêmes.

Château de Fontainebleau, château royal de styles principalement Renaissance et classique, près du centre-ville de Fontainebleau, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Paris, en France. Il abrite une des plus importantes collections de mobilier ancien en France. Il conserve également une collection de peintures, sculptures et objets d'art, couvrant une période étendue du VIe au XIXe siècle.

Ce mécanisme d’imprégnation crée un conditionnement et des réflexes sociaux permettant de vivre en société.

3.     La socialisation par interaction  

La socialisation par interaction a lieu au contact des autres, ce qui permet à l’individu de se construire des modèles de comportement.

V. La socialisation inversée et horizontale

La socialisation est généralement verticale et descendante : la transmission se fait depuis les personnes dans la force de l’âge jusqu’aux plus jeunes.

Toutefois, de nouvelles formes de socialisation sont en train de renverser ces processus.

1.     La socialisation inversée

On assiste à une socialisation inversée lorsque ce sont les jeunes qui transmettent aux adultes des valeurs et des normes. Par exemple, des jeunes peuvent parfois mieux maîtriser les nouvelles technologies que leurs aînés et vont les aider dans ce domaine.

(Image © Maxdecours.com)

La socialisation inversée repose sur le mécanisme d’interaction entre les générations. De sorte que la relation adulte-enfant n’est plus hiérarchique, contrairement à la relation établie à l’école, par exemple à travers la socialisation par l’inculcation.

2. La socialisation horizontale

La socialisation horizontale est un processus qui ne se déroule pas entre les générations (entre adultes et enfants), mais au sein d’une même génération.

La scolarisation et l’avènement des nouvelles technologies contribuent à ce nouveau mode de socialisation.

Par exemple, la socialisation horizontale concerne des élèves d’une même classe ou des adolescents qui communiquent avec les réseaux sociaux et les messageries instantanées pour partager leurs expériences, leurs conseils et ainsi socialiser entre eux.