Pour quelles raisons l'accès aux diplômes est-il différencié socialement ?

Mots clés

Capital culturel : il s’agit de l’ensemble des ressources culturelles d’une personne : langage, culture générale, capacités artistiques, etc.

Il peut aussi se présenter « à l’état incorporé » c’est-à-dire de biens culturels physiques chez soi (livres, œuvres d’art) ou encore à « l’état institutionnalisé » sous la forme, pour la période contemporaine, du titre scolaire (des parents diplômés ont du capital culturel).

Massification scolaire : proportion croissante de la population à poursuivre des études de plus en plus longues (à ne pas confondre avec la démocratisation scolaire, en effet la massification scolaire s’accompagne du maintien des inégalités des cursus scolaires)

Résumé

En France, l’école se présente comme méritocratique. Toutefois l’origine sociale est décisive pour les chances de réussite scolaire. Les élèves issus de milieux aisés sont plus susceptibles d’être diplômés du supérieur.

Néanmoins le lien entre réussite scolaire et choix de formation reste souple. Ainsi plusieurs études mettent en évidence l’existence de « trajectoires improbables ».

Cours

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Objectifs :

  • Comprendre que les chances d’accès aux formations diplômantes sont socialement différenciées

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I. Rôle du capital culturel et des pratiques interventionnistes des familles

Certaines pratiques « interventionnistes » des familles (comme le préapprentissage de la lecture, prohibition des écrans, exercices complémentaires…) ont une influence sur la réussite scolaire des élèves. D’autre part, il existe un lien entre le diplôme des parents et les résultats scolaires de leurs enfants du fait qu’ils peuvent les aider.

Pour les sociologues Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, les méthodes et le contenu des enseignements tendent à favoriser les élèves des catégories supérieures. Les programmes scolaires valorisent une culture légitime qui serait pour Bourdieu une culture dite bourgeoise (une proximité des normes familiales et des normes scolaires). Du fait du prestige de la culture légitime, les sociétés contemporaines survalorisent le travail intellectuel sur le travail manuel.

La famille peut transmettre inconsciemment du capital culturel que ce soit par le capital culturel objectivé (présence d’une bibliothèque) ou encore par l’usage de la langue (par le vocabulaire). Les parents peuvent aussi créer le meilleur environnement extrascolaire culturel possible pour leurs enfants, les placer dans les meilleurs établissements (certaines classes sont plus favorables au succès académique que d’autres. Le nombre d’élèves studieux, le sentiment qu’a l’élève de faire partie d’une bonne classe, peut stimuler l’apprentissage. Il est alors question d’effet classe. Certains établissements sont plus efficaces d’autres par exemple grâce à une meilleure articulation des enseignements, il s’agit dans ce cas d’effet d’établissement), du bon choix des options etc.

Néanmoins des enfants issus de milieux populaires peuvent parvenir à rencontrer un succès scolaire, que ce soit par le suivi familial de la scolarité ou par l’espoir suscité de la prolongation des études dans un contexte de chômage de masse des jeunes.

II. Le rapport au temps

Muriel Darmon, dans son étude sur les classes préparatoires, met en avant la réussite,
l’origine sociale et le rapport au temps. Les élèves issus de milieux aisés ont tendance à mieux dominer le « temps » : ils adoptent des rythmes plus réguliers, se détachent plus facilement de l’urgence, et arrivent parfois à la percevoir comme bénéfique (l’urgence est alors ce qui motive le travail).

En revanche, chez les élèves les moins favorisés, le rapport au temps est plus souvent perturbé : heures irrégulières au coucher, difficultés à réserver du temps pour des activités extrascolaires par exemple.

III. En quoi les inégalités à l’école évoluent-elles ?

Dans les pays de l’OCDE, depuis un siècle, l’enseignement s’est progressivement démocratisé (dans le supérieur depuis les années 1970-1980).

Cette massification scolaire se caractérise par une augmentation de la durée des études et par l’accès d’une partie importante de la population à un haut niveau de qualification qui était auparavant réservé à une minorité d’élèves appartenant généralement aux groupes sociaux les plus privilégiés.

Néanmoins, en moyenne, les différences de prestige et de niveau des diplômes obtenus diffèrent toujours selon l’origine sociale.

La généralisation des diplômes contribue au renforcement de leur emprise : il n’est plus possible de revendiquer une insertion professionnelle confortable sans qualification scolaire. Et de manière plus générale, dans une société où le diplôme est omniprésent, le fait de ne pas posséder de diplôme devient particulièrement pénalisant.

La course aux études mène à une inflation (dévalorisation) des diplômes. La massification scolaire a donc un effet ni voulu ni anticipé : elle accentue la stigmatisation des non-diplômés (ils peinent plus encore que par le passé à trouver un emploi).

Même si les diplômés étant en concurrence, la qualification ne suffit plus à occuper un emploi stable, le diplôme demeure essentiel, car plus il est élevé, plus le chômage est bas. De plus, on observe un lien étroit entre le niveau de diplôme et le niveau de qualification de l’emploi ainsi que du niveau de rémunération. La nature des études poursuivies est importante car, au même niveau de qualification, toutes les qualifications ne conduisent pas aussi vite à l’emploi.