Le XXIe Siècle - Le roman aujourd’hui

I.          Débats contemporains et numérique

Deux courants distincts – l’écho des débats contemporains par le biais de scénarios futuristes, et l’exploitation de nouveaux formats de narration offerts par le numérique – témoignent de la richesse et de la diversité du roman d’aujourd’hui. Ils soulignent également comment la littérature continue d’interroger notre monde, tout en évoluant avec lui.

A.   Houellebecq et les débats contemporains

Michel Houellebecq, dans « Soumission » (2015), un roman d’anticipation de type politique-fiction, explore l’avenir hypothétique d’une France islamisée. Le passage où le personnage principal, François, choisit de se convertir à l’islam, offre une opportunité pour discuter des thèmes de la politique, de la religion et de l’identité dans le roman contemporain. Un dernier thème du livre : l’identité. Comment nos croyances, qu’elles soient politiques ou religieuses, façonnent-elles qui nous sommes ? Comment un changement aussi radical que la conversion à une autre religion peut-il affecter notre sens de soi ? Ce sont des questions que Houellebecq pose, et à travers lesquelles il explore la condition humaine dans le monde contemporain.

« Soumission » rencontre dès sa sortie un important succès. Seulement un mois après sa sortie, le livre s’est vendu sur le seul territoire français à plus de 345 000 exemplaires et a pris la tête des ventes dans trois pays européens : en France, en Italie et en Allemagne.

Au-delà de la controverse que ce roman a suscité, « Soumission » illustre comment le roman continue d’offrir une plateforme pour la discussion et le débat sur questions contemporaines, démontrant ainsi la valeur et le rôle du roman contemporain en tant que miroir et examinateur de notre monde.

B. Les formes numériques

De nombreux auteurs contemporains exploitent les possibilités offertes par les nouvelles technologies. Prenons l’exemple de « La disparition de Karen Carpenter » (2008) de Clovis Goux, un roman qui explore l’époque du disco à travers des articles de blog fictifs, des critiques de disques et des commentaires en ligne.

II.         Nouvelles tendances

A.   L’influence des médias sociaux et d’internet

Les romans contemporains sont également influencés par la prolifération des médias sociaux et d’internet. Des auteurs comme Virginie Despentes avec « Vernon Subutex » (2015) dépeignent la réalité d’une société numérique dans leurs histoires, explorant des sujets tels que l’obsession de la célébrité et l’aliénation dans la société moderne.

B. L’autofiction et les thèmes personnels

L’autofiction, où les auteurs intègrent leurs propres expériences dans leur travail de fiction, est un genre en constante évolution. Par exemple, Édouard Louis dans « En finir avec Eddy Bellegueule » (2014) utilise l’autofiction pour explorer son enfance dans une famille ouvrière homophobe dans la France rurale.

III. L’impact social et politique des romans contemporains

A.   La littérature en tant que miroir de la société

Les romans contemporains reflètent souvent les problèmes et les tensions de la société actuelle. Par exemple, Yanis Varoufakis dans « Adults in the Room » (2017) raconte les coulisses des négociations financières entre la Grèce et l’Union européenne lors de la crise de la dette grecque.

B.   L’engagement politique des auteurs

Certains auteurs contemporains utilisent leurs œuvres pour exprimer leurs points de vue politiques. Par exemple, Roberto Saviano avec « Gomorra » (2006) offre un aperçu brutal et révélateur de la Camorra, une organisation mafieuse basée à Naples. Ce livre a eu un impact important en Italie et dans le monde entier, suscitant des débats sur la criminalité organisée et son influence sur la société.

IV.        Le XXIe Siècle – nouvelles voix, nouveaux médiums

A. Diversité et représentation

Le XXIe siècle a vu une augmentation de la diversité dans la littérature. Des auteurs comme Chimamanda Ngozi Adichie, avec « Americanah » (2013), explorent des thèmes comme l’identité, la race et le genre. Le chapitre où le personnage principal, Ifemelu, décide de cesser de se lisser les cheveux, offre une occasion de discuter de la représentation et de l’identité culturelle.

B. Le roman graphique : une bande dessinée qui se veut ambitieuse

Le roman graphique a gagné en respect et en popularité au XXIe siècle. 

L’utilisation du terme « roman graphique » est apparu pour éloigner certaines bandes dessinées de ses associations traditionnelles avec le divertissement enfantin ou le contenu superficiel.

Cette désignation plus sophistiquée de « roman graphique » ouvre la voie à la bande dessinée pour être reconnue comme une partie intégrante de la « Grande culture ».

Un roman graphique est une forme de bande dessinée qui se caractérise souvent par une approche plus mature et artistique. Ils peuvent aborder des sujets sérieux et complexes, offrant une narration et un développement de personnages profonds, similaires à ceux trouvés dans la littérature traditionnelle bien que d’une manière différente car visuelle.

« Persepolis » (2000) de Marjane Satrapi, qui raconte l’histoire de l’enfance de l’auteur pendant la révolution iranienne, est un exemple parfait de cette forme L’analyse des images de la révolution dans le chapitre « Le Voile » peut susciter des discussions sur la narration visuelle et l’histoire contemporaine.

IV.        Le Roman numérique

Enfin, le roman numérique a ouvert de nouvelles possibilités pour la narration. « 253 » (1996) de Geoff Ryman, par exemple, est un roman entièrement en ligne qui suit 253 passagers d’un train de Londres. Chaque passager a une page web dédiée, offrant une expérience de lecture non linéaire. Ce roman offre une occasion unique de discuter de l’avenir de la littérature à l’ère numérique.