Table of Contents
ToggleUn des auteurs phares du XVIIIe siècle est Voltaire.
Dans « Candide ou l’Optimisme » (1759), il utilise l’ironie pour critiquer l’optimisme aveugle promu par certains philosophes de son temps. Prenons comme exemple le chapitre 3, où Candide découvre les horreurs de la guerre :
« Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin ; il était en cendres : c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d’autres, à demi brûlées, criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés. »
L’horreur de la scène contraste avec l’optimisme naïf du personnage principal, offrant une critique acerbe de l’optimisme absolu.
Rousseau, autre figure importante des Lumières, offre un tout autre type de roman avec « Émile ou De l’éducation » (1762).
Ce livre, bien que romanesque dans sa structure, sert avant tout de traité philosophique et pédagogique, illustrant les idées de Rousseau sur l’éducation et le développement humain.
L’œuvre suit le parcours d’un jeune homme nommé Émile, depuis sa naissance jusqu’à son entrée dans l’âge adulte. Rousseau y développe une vision de l’éducation comme un processus naturel et progressif, en opposition avec les méthodes éducatives traditionnelles de son époque, souvent basées sur la mémorisation et l’autorité rigide.
L’un des principes fondamentaux dans « Émile » est l’idée que l’éducation doit être adaptée aux stades de développement de l’enfant. Rousseau soutient que les enfants doivent apprendre par l’expérience plutôt que par l’instruction formelle. Il met l’accent sur l’importance de l’éducation sensorielle et pratique dans les premières années, avant de passer à l’éducation intellectuelle et morale.
En outre, Rousseau introduit dans « Émile » la notion d’un « homme naturel », un individu qui vit en harmonie avec sa nature innée et non corrompu par la société. Cette idée est en contraste avec la vision plus optimiste de l’homme social promue par d’autres philosophes des Lumières comme Voltaire ou Diderot.
« Émile » a eu un impact profond sur la pensée éducative. Ses idées ont préfiguré de nombreux concepts modernes dans l’éducation, comme l’apprentissage par le jeu, l’importance de l’attention aux besoins individuels des élèves, et l’idée de l’éducation comme un processus visant à développer la personnalité tout entière de l’enfant, plutôt que simplement son intellect.
Si curieux, le livre est disponible gratuitement ici : https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89mile,_ou_De_l%E2%80%99%C3%A9ducation/%C3%89dition_1852/Pr%C3%A9face