Bernard de Clairvaux et la deuxième croisade (1146-1149)
Bernard de Clairvaux prêche la deuxième croisade, Émile Signol, XIXe, Musée de Versailles.

Résumé

Les croisades, commencées avec la première croisade (1096-1099), conduisent les croisés à conquérir Jérusalem et à établir les États latins d’Orient, comprenant le royaume de Jérusalem, la principauté d’Antioche, ainsi que les comtés d’Édesse et de Tripoli. Cependant, en 1144, les musulmans reprennent la ville d’Édesse, ce qui conduit à la deuxième croisade (1146-1149), conçue comme une opération de secours, mais qui se termine finalement par un échec.

« C’est en toute sécurité que les chevaliers du Christ combattent pour leur Seigneur, sans avoir à craindre de pécher en tuant leurs adversaires, ni de périr, s’ils se font tuer eux-mêmes. Que la mort soit subie, qu’elle soit donnée, c’est toujours une mort pour le Christ : elle n’a rien de criminel, elle est très glorieuse. […] Pourtant, il ne convient pas de tuer les païens si l’on peut trouver un autre moyen de les empêcher de harceler ou d’opprimer les fidèles. »

Bernard de Clairvaux, Éloge de la nouvelle chevalerie, 1120-1136.

Introduction

La deuxième croisade (1146-1149) est une période cruciale de l’histoire médiévale, marquée par l’influence du célèbre moine cistercien Bernard de Clairvaux. Dans ce cours, nous explorerons le rôle de Bernard de Clairvaux dans la promotion et la prédication de cette croisade, ainsi que les événements qui ont marqué cette expédition.

I.  Contexte historique et religieux

A. L’émergence des croisades

Les croisades sont des expéditions militaires entreprises par les chrétiens d’Europe occidentale au Moyen Âge. Elles ont pour but de conquérir et de défendre les lieux saints de la chrétienté, principalement en Terre sainte. La première croisade (1096-1099) a été lancée par le pape Urbain II et s’est achevée par la prise de Jérusalem et la création des États latins d’Orient.

B. La chute du comté d’Edesse et l’appel à la croisade

En 1144, la chute du comté d’Edesse aux mains de l’atabeg Zengi, un chef musulman, a suscité une vive inquiétude en Europe. Le pape Eugène III a alors lancé un appel à la croisade pour reprendre Edesse et protéger les États latins d’Orient.

II.  Bernard de Clairvaux : un homme d’influence

A.    Biographie et parcours de Bernard de Clairvaux

Bernard de Clairvaux (1090-1153) est un moine français qui a joué un rôle central dans la réforme de l’Église et la fondation de l’ordre cistercien. Il est né dans une famille noble de Bourgogne et a rejoint l’abbaye cistercienne de Cîteaux en 1112. En 1115, il fonde l’abbaye de Clairvaux, qui devient rapidement un centre spirituel et intellectuel de premier plan.

B.     Son rôle dans la réforme de l’Église et la fondation de l’ordre cistercien

Bernard de Clairvaux est un défenseur de la réforme de l’Église, prônant un retour à la simplicité et à l’ascétisme des premiers chrétiens. Il contribue à la diffusion de l’ordre cistercien, qui se caractérise par son austérité et son dévouement à la prière et au travail manuel.

III.  La prédication de la deuxième croisade

A.    L’appel du pape Eugène III

En réponse à la chute du comté d’Edesse, le pape Eugène III publie la bulle papale Quantum praedecessores en 1145, appelant les fidèles à se joindre à la croisade pour défendre les États latins d’Orient.

B. Le succès de la prédication en Europe

Bernard de Clairvaux réussit à mobiliser un grand nombre de fidèles pour la croisade, notamment grâce à son éloquence et à son autorité spirituelle. Les souverains européens, tels que Louis VII de France et Conrad III d’Allemagne, se joignent à la croisade, témoignant de l’ampleur du mouvement.

IV. Le déroulement de la deuxième croisade

A. Les forces en présence et les principales étapes

La deuxième croisade rassemble des forces issues de diverses régions d’Europe, principalement la France, l’Allemagne et les États latins d’Orient. La croisade suit plusieurs routes pour atteindre la Terre sainte, notamment la route terrestre à travers l’Europe de l’Est et l’Anatolie, et la route maritime en Méditerranée.

B. Les échecs de la croisade et leurs causes

La deuxième croisade est marquée par une série d’échecs, notamment l’échec du siège d’Edesse et la défaite lors de la bataille de Laodicée. Plusieurs facteurs expliquent ces échecs, tels que les divisions entre les croisés, les difficultés logistiques et le manque de coordination avec les forces byzantines et arméniennes. En outre, la stratégie des croisés s’avère inadéquate face aux tactiques employées par les forces musulmanes.

II. Les conséquences et l’héritage de la deuxième croisade

A. Les répercussions sur les États latins d’Orient

L’échec de la deuxième croisade affaiblit les États latins d’Orient et contribue à leur déclin progressif. Les relations entre les États latins et leurs voisins musulmans se détériorent, ce qui conduit à une série de conflits et à la perte de territoires.

B. L’influence de Bernard de Clairvaux sur les croisades ultérieures

Malgré l’échec de la deuxième croisade, Bernard de Clairvaux continue d’exercer une influence sur les croisades ultérieures. Il est perçu comme un modèle de piété et de dévouement à la cause chrétienne. Son exemple incite d’autres prédicateurs à suivre ses pas et à mobiliser les chrétiens pour les croisades suivantes.

Conclusion

La deuxième croisade est un moment charnière dans l’histoire des croisades, qui met en lumière l’importance de la figure de Bernard de Clairvaux. Bien que cette croisade se soit soldée par un échec, elle a contribué à renforcer l’idée de la croisade en tant qu’institution religieuse et politique au sein de la chrétienté médiévale.

La figure de Bernard de Clairvaux reste emblématique de cette période et continue d’influencer la manière dont les croisades sont perçues et étudiées.