Qu’est-ce que la croissance économique et comment la calculer ?

Mots clés

PIB : indicateur économique qui permet de quantifier la valeur de la « production de richesse » des agents économiques résidant à l’intérieur d’un territoire

Croissance économique : variation positive de la production de biens et de services dans une économie au cours d’une période donnée, habituellement sur une longue période

Fiche de cours

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Objectif :

  • Savoir que la croissance économique est la variation du PIB ainsi que connaître les grandes tendances mondiales sur plusieurs siècles

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I.      Définir la croissance économique

La croissance économique désigne l’augmentation durable et soutenue du PIB (produit intérieur brut) en volume.

L’économiste François Perroux définit la croissance économique comme « l’augmentation soutenue durant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension : pour une nation, le produit global brut ou net, en termes réels » (Dictionnaire économique et social, 1990, Hatier).

La croissance économique est ainsi mesurée au niveau national. Même si les mesures de la croissance économique peuvent être effectuées mensuellement et trimestriellement, cette croissance est surtout observée sur une période d’une année civile.

« l’indicateur de dimension » désigne la production.

« le produit global » correspond au PIB.

« l’augmentation soutenue durant une ou plusieurs périodes longues » permet de distinguer la croissance économique de l’expansion, qui correspond à une augmentation du PIB sur une période courte.

La dernière précision, « en termes réels », a pour objectif d’éviter d’une confusion. En effet, l’évolution du PIB peut découler d’une augmentation des quantités produites ou bien des prix or la croissance économique ne concerne que l’évolution des volumes produits. Par conséquent, la croissance économique ne prendra pas en compte l’évolution des prix mais seulement le PIB exprimé en « termes réels » c’est-à-dire en volume.

II. Calcul de la croissance économique

La croissance économique est exprimée par le taux de variation du PIB en volume :

Pour comparer le dynamisme économique d’un pays à diverses périodes il est possible d’utiliser le taux de croissance annuel moyen (TCAM), qui indique l’augmentation moyenne du PIB chaque année sur une période donnée.

Voici la formule du taux de croissance annuel moyen :

Avec le CMM (coefficient multiplicateur moyen) suivant :

III. La croissance économique : un phénomène récent

La croissance annuel moyen du PIB a été de 0,01% de 0 à 1000 puis de 0,22% de 1000 à 1820.

Il a fallu attendre la première révolution industrielle pour que la croissance économique mondiale prenne réellement son envol c’est-à-dire à la fin du XVIIIe siècle en Angleterre, puis en France au début du siècle suivant. Pour Thomas Piketty dans Le capital au 21e siècle le taux de croissance annuel moyen de la production par habitant est de 0,9 % dans le monde entre 1820 et 1913. Pour L’économie mondiale. Une perspective millénaire de Angus Maddison pour l’OCDE cette croissance serait durant cette période particulièrement forte dans les pays « d’immigration européenne » atteignant 3,68% en moyenne.

Bon à savoir : la croissance annuelle française a été négative à 5 reprises depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : en 1975 à la suite du premier choc pétrolier, en 1993 avec la crise du système monétaire européen, en 2008 et 2009 en raison de la crise financière et 2020 à la suite de la crise de la COVID-19.

La croissance ralentit entre 1913 et 1950 en raison de deux guerres mondiales et de la crise de 1929.

La période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale constitue « l’âge d’or de la croissance économique » pour les pays riches. Telle est la période que Jean Fourastié appelle les « Trente Glorieuses », se référant aux années de 1945 à 1975 correspondant à une forte croissance économique dans la grande majorité des pays développés et porteuse de changements économiques et sociaux majeurs (comme le passage de l’Europe à la société de consommation).

Ces nouveaux lieux de commerce répondent à un désir de confort qui est lui-même artificiellement alimenté par les entreprises grâce aux techniques publicitaires et marketing. Il ne s’agit pas seulement de promouvoir des produits et des services mais un mode de vie qui résulte de l’acquisition de ces derniers, sur la base de leur renouvellement continu.

Vitrine d'un magasin d'appareils électroménagers à Saint-Gall en Suisse dans les années 1960

Le choc pétrolier de 1973 a mis fin aux Trente Glorieuses. À partir de cette date, la croissance économique ralentit fortement dans les pays européens, et dans une moindre mesure aux États-Unis, tandis qu’elle s’accélère en Asie.

 

Un centre commercial (Lisbonne, Portugal, 2008)

IV. Des périodes de croissance différentes entre l’Europe occidentale et les Etats-Unis vis-à-vis de l’Afrique et l’Asie

Les économies dites « avancées » (Europe occidentale, Etats-Unis) ont connu la croissance économique dès la première révolution industrielle, alors que l’Afrique et l’Asie seulement après la Seconde guerre mondiale.

Depuis les années 2000, un certain nombre de pays décrits comme des économies émergentes ont enregistré une très forte croissance. Cinq d’entre elles sont appelées BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.

V.  (Culture générale) Croissance économique et énergie

Si l’analyse néoclassique (qui a connu son apogée au début du XXe siècle) est centrée sur le rôle du capital, du travail ou du progrès technique, les économistes écologistes pensent que l’énergie joue un rôle majeur dans la croissance.

Ainsi Gaël Giraud considère que l’énergie est le facteur essentiel de la croissance économique et que le PIB est fortement dépendant de l’énergie. Il explique l’essor du proto-capitalisme au XIIe siècle en Europe (les fondements du capitalisme apparus pourtant dans l’apparent désordre féodal) par la multiplication des moulins à vent et à eau, permettant de capter une nouvelle forme énergie.

Pour David Stern, la croissance mondiale depuis la fin du XVIIIe siècle est attribuable à de nouvelles sources d’énergie comme le charbon ou le pétrole. D’autres sources d’énergie ont répondu au besoin croissant d’énergie électrique, telle que l’énergie nucléaire.

En revanche, lorsque l’énergie est rare, la croissance économique serait sérieusement entravée (fortement contrainte).

La croissance économique (bleu) est étroitement corrélée à la consommation d'énergie (rouge), exemple ici dans le cas du Japon